L'échouage

A la différence de l'échouement, l'échouage est volontaire. Cela signifie que l'on profite des variations de hauteur d'eau que procurent les lieux à marée pour poser son bateau sur l'estran ou une cale sèche.

L'échouage quand il est bien géré procure de multiples plaisirs et avantages. En s'avançant sur la plage, on profite d'une vue bien différente des bateaux devant rester en pleine eau. Avec l'échouage, les possibilités de mouillages se multiplient, de nombreux endroits interdits à la majorité des bateaux s'offrent à vous, ils sont souvent plus sauvages.
Vos enfants apprécieront la diversité des activités que procure l'échouage. Baignade autour du bateau à marée haute, châteaux de sable ou ballade à pied à marée basse et tout cela avec des parents qui peuvent rester sur le bateau pour la surveillance des matelots. Celui qui vit un nuit posée au calme quand les autres bateaux dandinent d'un bord à l'autre appréciera aussi les charmes de l'échouage. qu'attendez-vous pour vous lancer à l'eau ?

Les risques

Echouer son bateau comporte quelques risques.

  • Le principal risque est d'abîmer la coque sur un rocher ou sur son ancre.
  • Un autre risque important est de détruire partiellement ou totalement la structure du bateau en cas de houle ou vague importante au moment de la posée. Un tossage violent peut fissurer ou casser des varangues ou cloisons.
  • Il se peut aussi dans certaines conditions qu'il n'y ait plus assez d'eau le lendemain ou les jours suivant pour repartir. Coefficient ascendant, pression atmosphérique qui augmente, vent fort dans la mauvaise direction sont des causes ce contre-temps.
  • A cela s'ajoute les risques du mouillage forain qui sont ; ancre qui chasse, ancre perdue car bloquée ...

La préparation

Comme toute pratique à risque l'échouage demande un minimum de préparation.

Le lieu

Toutes les plages ne sont pas propices à l'échouage. Il ne faut pas de rochers, pas trop de courant, pas de vagues et certaines zones interdites à cette pratique.

Avant de pointer ses étraves sur cette plage qui vous tend les bras, il est indispensable de valider quelques points :

  • Coque posée sur un rocherAbsence de rochers : A la posée, un rocher mal placé peut abimer partiellement ou fortement votre coque.
  • Absence d'algues en grande quantité : Outre le fait qu'une algue peut cacher un rocher aux dents acérées, des algues en grandes quantités peuvent limiter l'efficacité de votre ancre.
  • Absence de vagues, houles ou ressac : Ces mouvements de mer vont faire tosser (Cogner fortement et de manière répétée sous l'effet des vagues) votre bateau de manière plus ou moins violente. Un tossage important peut abîmer fortement voire détruire la structure de votre bateau.
  • La nature des fonds : Si votre bateau va préférer une vase mole et profonde pour se poser dans un nid douillet, il n'en sera pas de même pour votre équipage s'il veut descendre du bateau à marée basse. Si les fonds de votre bateau ne sont pas renforcés ou ne disposent pas d'ailerons, il faudra éviter les plages parsemée de cailloux un peu partout.
  • Zone abritée : Il est préférable de privilégier des zones sans vent ou l'abris du vent pour différentes raisons ; voir le chapitre météo.
  • Zone avec bancs de sables : Attention aux bancs de sable. Un appui du bateau dans un trou, un autre appui sur le banc de sable et c'est la gite assurée pour plusieurs heures (un comble pour un multicoque).
  • Zone autorisée : Cette information figure sur les cartes marines. A vérifier sur des cartes à jour.

Logo Le passage de vedette à passagers, bateaux de pêche, bateau de commerce ... provoque des vagues importantes qui peuvent créer un ressac important et imprévisible. Il faut donc éviter d'échouer proche des endroits de passage de ces bateaux.

DangerLes plages avec une pente importante sont déconseillées si vous souhaitez dormir à bord.

Hauteur d'eau et coefficient

Samba Lele au plus haut de la plage. Seulement 20 cm d'eau sous les quilles à marée haute.Pour échouer, il faut être dans une zone à marée, c'est à dire avoir des variations de hauteur d'eau importantes entre la marée haute et la marée basse. En France, l'usage des coefficients permet de connaître l'amplitude de cette variation. Plus le coefficient est grand, plus l'amplitude, que l'on appelle également marnage, est importante.

Si vous souhaitez vous poser au plus haut de la plage, ce qui veut dire au plus haut de la marée, il faudra vérifier que l'eau montera au minimum plus haut au moment de votre départ qu'à votre arrivée sous peine de se retrouver bloqué pour plusieurs jours voir semaines... Ce serait dommage.

Si le coefficient donne une bonne idée, il ne suffit pas. Le coefficient indique seulement l'amplitude de la marée, mais avec un coefficient plus important il est possible d'avoir une hauteur d'eau à marée haute inférieure. Il est donc important de se fier aux hauteurs d'eau et non aux coefficients.

De plus, il faudra prendre en compte également la pression atmosphérique. En effet, 1 hPa de plus au baromètre et c'est 1 cm de moins sous votre bateau.

La direction du vent va également changer la hauteur. Un vent de mer fait monter le niveau de la mer, quand un vent de terre le fait baisser. Par vent fort, la différence, peut atteindre 1 mètre.

Enfin un élément rarement pris en compte est la présence d'un fleuve, d'un havre, d'une embouchure. Dans ce cas, l'horaire et la hauteur d'eau sont souvent donnés pour l'entrée alors qu'il peut y avoir de grandes différences à l'intérieur de cet estran. Si le plus connu est le Golfe du Morbihan, d'autres beaucoup moins connus et plus petits peuvent avoir de grosses variations également et que seuls les marins du coin connaissent.

Logo Quoi qu'il en soit, il faut prendre un minimum de marge de sécurité en ce qui concerne la hauteur d'eau.

Pasbien La fausse bonne idée est de poser juste avant la marée haute ou de la marrée basse. Pour ceux qui maitrise le calcul des 12éme comprendront rapidement que c'est le moment ou la mer monte et descend le plus lentement. En cas de tossage, ce désagrément durera plus longtemps qu'au milieu de marée.

Calcul de marée

Savoir calculer les hauteurs de marée lors de ces différents échouages est un gros avantage et même primordial. Cela permet de connaitre l'heure à laquelle on pose et surtout quand le bateau va flottera de nouveau. Vous pouvez également grâce à vos calculs déterminer où et quand poser pour flotter juste au bon moment.

Voir l'article Hauteur d’eau, marnage et coef

La météo

Avant de jeter l'ancre pour prQuetzal en attente la montée des eauxendre position dans ce décor de rêve, vérifier la météo est indispensable. Un endroit idyllique dans certaines conditions peut devenir cauchemardesque dans d'autres conditions, voir se transformer en piège. Plus que la force du vent, c'est son changement d'orientation ou l'arrivée de la houle ou de vagues qui posent problème.

Le vent va t'il se renforcer, ou tourner, la brise thermique va t'elle changer les conditions météo ou le plan d'eau sont les questions que tout chef de bord doit se poser avant de préparer l'échouage.

La houle étant plus rapide qu'une dépression, elle arrive souvent avant le vent. Pensez aussi à vérifier ce paramètre surtout que les météo marine donnent maintenant cette indication.

Logo Avoir une fenêtre météo fiable sur 24 heure semble le minimum.

La brise thermique

L'été il faut se méfier de la brise thermique. Le jour, elle souffle dans un sens, généralement de la mer vers la terre, et la nuit dans le sens opposé. Si en fin de journée au moment de votre arrivé, la brise thermique s'est installée, il se peut qu'elle annule le vent synoptique (vent créé par les anticyclones et les dépressions). La nuit, ces vents s'additionnent. Dans cette situation, il n'est pas rare de se retrouver sur un plan parfaitement calme en fin de journée et avoir 20nds établi dans la nuit alors que la météo n'annonçée aucun changement de vent.

Comment s'y prendre

Selon votre connaissance des lieux, votre heure d'arrivée, ou la topologie des lieux, l'approche et la posée seront différentes. Soit on vient se poser doucement sur la plage, ce que l'on appelle beacher, soit on mouille l'ancre en eau profonde et on attend que la mer baisse.

Le beachage

Se beacher est un terme volé aux anglais, cela signifie que l'on vient se poser de manière volontaire et délicate sur la plage aF27 sur ancre à pleine mer en attendant que la mer baissevec son bateau.

  • L'approche doit se faire au ralenti, les dérives et les safrans amovibles seront relevés au maximum possible pour qu'ils ne touchent pas en premier, mais garder de la manoeuvrabilité.
  • Si la mer monte, on jette l'ancre arrière un peu avant de se poser.
  • Une fois posé, on descend à pied pour aller poser l'ancre avant en vérifiant qu'elle soit bien posée et enfouit.
  • Une fois le bateau en place, on tend l'ancre arrière tout en vérifiant qu'elle soit bien enfouit également.
  • On relève les appendices du bateau qui ne sont pas encore relevés.
    • Dérive
    • Safran
    • Moteur

Quand on ne connait pas un lieu parfaitement, il est fort intéressant d'avoir une personne devant pour surveiller ce qui se passe sous l'eau devant les étraves afin d'andiciper un obstacle.

Si on vient se poser quand la mer descend, le mouillage arrière n'est pas obligatoire, car le bateau sera rapidement posé définitivement. On aura tout son temps une fois la mer basse pour aller poser son ancre par la suite.

DangerSi vous ne connaissez pas les lieux, il est fortement déconseillé de pratiquer cette méthode. Mieux vaut mouiller en eau profonde, faire un tour du lieu à marée basse avant d'aller poser ses étraves.

En haut profonde

Drop 26 en attente d'échouageLa technique pour mouiller en eau profonde est exactement la même que pour un mouillage (voir l'article sur le mouillage).
A cela il faudra ajouter une vigilance avant et pendant de la posée pour être sûr de ne pas poser sur un rocher ou des cailloux.

Mouillage arrière

Même si elle ne sert pas à chaque échouage, on ne prévoit pas échouer sans une seconde ancre dans son bateau. Elle offre plusieurs possibilités, maintenir le bateau perpendiculaire à la plage ou aux vagues, déhaler le bateau vers la plage si besoin au moment de la levée.

A ce titre, si des risques de vagues sont possibles lors de votre départ, nous vous recommandons de placer les étraves vers le large en positionnant l'ancre principale vers le large et la secondaire vers la plage. Vous pourrez ainsi vous déhaler légèrement grâce à l'ancre principale.

L'intérêt d'un bon sondeur

Pratiquer l'échouage, signifie se rapprocher au plus près de la côté avec des hauteurs d'eau souvent très faibles lors de certaines manoeuvres. Il est essentiel de connaître la hauteur d'eau restante sous le bateau pour savoir si on évolue en sécurité ou à la limite de toucher. Pour les catas, il n'y a souvent qu'un seul sondeur, il faut juste penser que la hauteur sous le sondeur n'est pas forcément la même sous l'autre coque.

Les sondeurs sont rarement au ras de l'eau ou complétement sous la coque, sans réglage ils indiquent une hauteur d'eau approximative. Les sondeurs du marché permettent de faire un calage de cette hauteur. Pour le calage du sondeur deux écoles. Soit connaitre la hauteur d'eau réelle, au skipper de déduire son tirant d'eau pour savoir ce qui lui reste sous son bateau, soit on cale le sondeur pour savoir ce qui reste sous le bateau.
Pour les bateaux à tirant d'eau fixe, nous conseillons cette dernière méthode, pas de question à se poser quand on lit le sondeur, on sait si on a de la marge ou pas. Pour les bateaux à tirant d'eau variable, c'est selon les affinités du propriétaire.

La première posée avec le bateau sera l'occasion de valider et ou corriger ce calage.

Informations

Pasbien Caréner son bateau lors d'un échouage est interdit depuis de nombreuses années maintenant en France.

Danger Il faut toujours être vigilant quand on pratique l'échouage, car si on connait les conditions au moment de l'arrivée, il faudra être sûr qu'elles soient toujours bonnes pour le départ.

Type de bateau

Multicoques à aileron

Si les bateaux équipés d'ailerons semblent les plus adaptés ils ne le sont pas tous et ils ne sont pas les seuls. Certains ailerons ou structures n'ont pas été échantillonnés pour supporter le poids du bateau au quotidien et au moindre tossage les ailerons ou structure souffrent voir cassent. D'autres ailerons n'ont pas été dessinés pour maintenir le bateau bien à plat, généralement le bateau se pose dans ce cas sur le nez.

Pour limiter que le bas des ailerons ne s'abîment sur les cailloux ou tout autres éléments agressifs, il est possible pour les ailerons qui n'ont pas reçu de renfort Kevlar au moment de la fabrication, de mettre en place une semelle inox sous l'aileron. Dans ce cas, celle ci ne doit pas être vissée, mais collée pour éviter des remontée d'eau dans l'aileron par les vis.

Multicoques sans ailerons

Les bateaux sans ailerons avec lesquels les coques poseront directement sur le sol seront à éviter, les cailloux, les petits rochers, le bateau qui se positionne sur la chaine ou l'ancre sont autant de risque d'abimer la coque qui sera sans protection.

Il faut se méfier du sable ou vase qui peuvent se glisser entre la dérive et le puits de dérive qui bloqueraient la manoeuvre de la dérive. Parfois avec le temps le sable ou la vase se disolvent grâce à l'eau mais il ne faut pas compter sur cette chance à chaque fois.

Il faudra être vigilant que rien dépasse sous la coque en cas d'évitage au moment de la levée, les dégâts pourraient être importants.

Renforts possibles

Par exemple avec un renfort Kevlar sous la coque centrale, les F27 de chez Corsair peuvent se poser sur des petits cailloux sans soucis.

Moteur In board

Si vous vous posez sur du sable mou ou de la vase, il faudra être attentif au système d'aspiration du refroidissement, que celui ci ne soit pas encombré de vase, sable ou petits cailloux qui colmateraient le circuit de refroidissement et mettre en péril le bateau. Crépines et pompes à eau seront à vérifier. Un nettoyage du circuit et filtres à eau de mer peut s'avérer nécessaire.

En cas de posé avec le poids de la coque en appuie sur les transmissions (embases, modules de propulsion orientables, lignes d’arbre), il sera nécessaire de contrôler que  la mécanique et la structure de la coque n’ont pas souffert de contraintes excessives. Pour limiter ce risque, certains bateaux sont équipé d'aileron ou d'un skeg devant l'hélice ou l'embase pour protéger les transmissions.

Certains presse étoupe doivent rester en eau. Pour retrouver l'étanchéité nécessaire, il sera indispensable de les remplir d'eau de nouveau.

Moteur Hors bord

Si le moteur est relevé lors de la pose du bateau, il ne risque rien. En revanche, si e pied d'hélice se retrouve dans la vase ou le sable, il faudra vérifier que rien ne s'est infiltré dans le système de refroidissement avant de le démarrer.

Astuce Les trucs et astuces de multicoques pratique

  • Une fois le bateau posé, l'équipage profite souvent de pouvoir aller et venir du bateau à la terre, mais au moment de remonter, les pieds sont sales, et le bateau se sali à vitesse grand V. Pour éviter ce désagrément, avant que le bateau ne pose, pensez à remplir à un seau d'eau et le garder précieusement pour se rincer les pieds au retour de votre ballade.
  • En cas de doute sur la météo ou la possibilité de vagues possible, il peut être intéressant de mettre les étraves vers le large avec une ancre derrière et une devant. L'ancre  arrière maintiendra le bateau perpendiculaire à la plage, et l'ancre de devant permettra de déhaler le bateau vers le large en cas de besoin en plus du moteur.
  • Rester à bord quand la mer descend et remonte pour surveiller ce qui se passe au moins la première fois.
  • L'annexe amarrée à l'arrière du bateau au mouillage, tout le monde le fait, la mer descend, ce n'est pas un problème, mais au moment de la remonté, les courants ou le vent peuvent avoir changé de direction et l'annexe se glisse sous le bateau. Elle reste rarement bloquée, mais l'antifouling peut laisser des traces indélébiles sur l'annexe.
  • Les flotteurs des trimarans sont toujours moins volumineux que la coque centrale, et mise à part quelques modèles équipés d'ailerons ou safrans sur les flotteurs, le trimaran prendra de la gite au moment de la posée. Pour limiter ce phénomène et protéger les flotteurs un par-battage sous les flotteurs d'un trimaran sera un vrai plus. Les modèles en V généralement utilisés pour les étraves restent bien en place. Les boules de mouillages permettent de par leur volume de mieux compenser la différence de hauteur, mais il faudra les repositionner à chaque marée.
  • Pour les bateaux qui ne sont pas équipés d'ailerons, pensez à ranger votre sonde de sondeur qui sera à la merci du moindre petit cailloux.
  • C'est le moment de vérifier l'état de votre coque, votre ou vos hélices, vos passes coques, vos anodes...
  • Il arrive parfois en cas d'évitage important ou aléatoire que le bateau se pose sur sa chaine, ce qui peut être embêtant, mais le pire surtout pour un bateau qui n'est pas équipé d'aileron et de se poser sur son ancre.
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